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Bastien Cosson - Autopromo

8 juillet 2023 → 21 octobre 2023

Bastien Cosson

Né en 1988 à Bayonne, vit entre Paris et Tardets (64).

À sa sortie des Beaux-Arts de Paris, il développe une pratique de la peinture qui l’entraine régulièrement à s’éloigner de la surface de la toile. Sociale et transitive, sa peinture a besoin de s’ouvrir un maximum au monde en intégrant les contextes sociaux et politiques qui les sous-tendent pour espérer devenir à son tour une plateforme de discussions.

Bastien Cosson a fondé, avec Elsa Oliarj-Ines, un espace d’art nommé Palette Terre dans une pièce de son appartement parisien qui fut actif de 2014 à 2020. À raison d’une exposition par mois cet endroit niché au 5e étage d’un immeuble hausmanien s’est donné pour objectif de représenter un certain état de la peinture actuelle.

Parallèlement Bastien Cosson a exposé son travail dans des lieux tels que Treize, le Frac Aquitaine, le Frac Ile-de-France, Enterprise Projects à Athènes ou encore Apes&Castles à Bruxelles.

À l’automne 2023 il fonde avec Elsa Oliarj-Ines un nouveau lieu d’exposition nommé Artetxe en plein coeur des montagnes basques.
Artiste
Bastien Cosson
Curateur
Café des Glaces
Dates
8 juillet 2023 →
21 octobre 2023
Texte d'exposition
Olga Rozenblum
Ines Dahn

Texte d'exposition (1)
Olga Rozenblum

Bastien Cosson est artiste et peintre. C’est comme ça qu’il se définit. Pour lui, être artiste et être peintre sont des activités entremêlées mais distinctes : être artiste, c’est un rapport au monde ; être peintre, c’est peindre.

Les peintures de Bastien Cosson sont des images qu’il projette selon ce qui lui arrive dans la vie, et selon ce qu’il veut faire de la sienne. Pour atteindre cet objectif, il utilise la toile, recouverte de peinture le plus souvent, mais aussi d’impressions, de collages, de tissus plus récemment. Il pourrait tout autant se servir d’un autre médium : c’est un choix manifeste et performatif qu’il a fait en décidant de produire exclusivement des tableaux.

C’est pour ça que son œuvre est si hétérogène. Il n’y pas de style «Cosson», il y a une série de tentatives de Bastien à produire des cadres : pour se faire du bien, pour donner un sens à ce qui n’en a pas, pour faire exister ceux et celles qu’il aime dans des espaces d’exposition qu’il trouve trop souvent désincarnés.

C’est ainsi que, dans un entretien récent avec les théoricienne et commissaire Clara Schulmann et Thomas Boutoux (podcast En déplacement #12, à écouter sur Spotify), Elsa Oliarj-Inès et Bastien Cosson racontent comment et pourquoi ils ont créé Palette Terre, un lieu d’exposition dans leur appartement à Paris de 2014 à 2021: « Bastien: Je me demande souvent pourquoi les lieux d’art sont froids, secs, etc. [...] Quand on est arrivés dans un appartement où il y avait une pièce en plus, on s’est dit : qu’est-ce qu’on peut faire, mettre un canapé et faire un salon? Non, c’était beaucoup plus logique de faire un lieu d’exposition. – Elsa : C’était une manière de court-circuiter la validation du monde de l’art, de se convaincre qu’il n’y avait besoin de personne pour montrer les choses qu’on a envie de voir et que Bastien faisait. Et j’ai trouvé que c’était la meilleure solution de créer ce lieu d’exposition. De toute façon, il n’y avait pas vraiment d’alternative [pour montrer son travail].» Comme d’autres artistes avant lui qui considèrent leur pratique au-delà d’une pratique d’atelier, Bastien Cosson a voulu ouvrir un lieu comme un espace mental qui lui permettrait d’élargir son champ de création. Il dit de ces artistes que « pour justifier leurs pièces, pour leur donner de la consistance, ils avaient besoin de se fabriquer un territoire nouveau. Une fois qu’ils en ont créé les contours, ils ont pu produire à l’intérieur de cet espace, y évoluer, puis s’en émanciper. »

Né en 1988, Bastien Cosson a fait les Beaux- Arts de Paris dans l’atelier de Sylvie Fanchon, une artiste dont le travail trop peu connu (comme celui de trop d’artistes femmes), pourrait constituer une des généalogies de sa propre pratique. Sylvie Fanchon, décédée cette année et regrettée tristement par Bastien Cosson et beaucoup d’autres jeunes artistes, disait de la peinture qu’elle« n’est pas une technique de reproduction du visible de plus, mais une pratique qui interroge les différents modes de visibilité du réel ». Elle expliquait qu’elle prenait le tableau « tel qu’il est, une convention, une surface ». Elle employait une formule pour parler des formes qu’elle produisait: «Ce sont des vérifications. »

Vérifier, « checker ». Représenter pour être certain que c’est bien vrai. Produire des images pour raconter au présent, malgré les rétines qui oublient ce qu’on a vu, le temps qui n’imprime pas les sensations, les flux Instagram qui rendent tout aussi visible qu’anecdotique : c’est en un sens le projet que construit Bastien Cosson pour le Café des glaces.

C’est pour vérifier que l’on peut s’attacher à des images qu’il a décidé d’en imprimer 900 dans une édition qui constitue le socle de cette exposition. Ces images, elles aussi, sont hétérogènes. Elles sont les témoins d’un parcours plutôt que d’un projet encadré, trop cadré. Sur les murs comme dans le livre, les tentatives de Bastien Cosson sont de l’ordre de la fuite, de la résistance à une normalisation qui ferait de lui simplement un peintre. Pour « justifier » de ses pièces, et s’émanciper de ses devoirs d’artiste.

Olga Rozenblum est programmatrice, commissaire d’exposition, enseignante, actuellement chercheuse associée de l’école des beaux-arts de Marseille. Elle est co-fondatrice de Treize, à Paris.

Texte d'exposition (2)
Ines Dahn

X n'est pas accroché à sa place habituelle. Dans ma maison, trop petite pour avoir quelque chose qui n'ait pas de fonction, c'est un événement autant qu'une œuvre. Un grand tableau, chez moi. Ce n'est pas que je n'ai rien sur les murs. Comme beaucoup d'entre nous, au lieu d'acheter de l'art, nous essayons d'élever les objets quotidiens au rang d'expériences esthétiques, en y cherchant refuge, ou revanche. Les dessins d'enfant sont des Twombly, une brique adoucie par l'érosion d'une rivière est une sculpture anti-forme, une planche de poésie originale une œuvre d'avant-garde.

Cette toile était avant une nappe sans aucune prétention artistique. Les nappes servent à protéger une surface, mais finissent par retracer le flux des objets domestiques et porter leur empreinte. Cette toile enregistre les erreurs, les déversements, les trous, les corrosions, les déchirures. Le vernis, l'écriture, et des couches et des couches de matériaux douteux annoncent la présence active d'un peintre, mais les marques résistent le passage au statut d’œuvre. Se déplaçant dans la surface comme d'autres traces de vie, elles ne peuvent pas être interrompues par le discours de la peinture.

L’on ne pourrait négliger les affinités de Bastien Cosson avec d'autres peintres qui se demandent quoi peindre, qui peint vraiment et dans quel but. Cette toile se demande à quoi répondre, au point de produire à l’intérieur d’elle-même des versions de peintures possibles déjà codées. Elle pourrait être une peinture pop si elle reproduit des logos, ou une peinture punk si elle interprète les paillettes en termes d'anti-bon goût ou les trous comme destruction. L’on pourrait passer un vernis et figer ces gestes comme un éventail d’épisodes historiques présentées avec une nonchalance krebberesque, mais l’on ne pourrait expliquer les traces des chaussures : les pas de l’artiste qui tourne autour de l’œuvre, sur lui-même, et en dehors du plan pour après retourner.

Cette peinture est blanche en tant que résultat, et non en tant que condition ou point de départ. Le plastique est glissant et résistant, toute tentative de le recouvrir ne peut être que surdeterminée. Pour Bastien, effacer c'est peindre. Il travaille avec la toile posée sur le sol, non pas pour spéculer sur la relation entre peinture et performance, mais pour réduire son champ de vision et éviter le jugement qu'implique habituellement une confrontation verticale avec la toile - qu'il ne peut éviter, mais seulement retarder. Il y a un défi intérieur à s'exposer à un état vulnérable et brut, probablement intensifié par l'évaporation des solvants et de la matière, qui absorbe tous les mouvements de la pensée.

La toile blanche, la table rase, c'est évidemment un idéal, mais un idéal qui permet d’aller en avant et d'éviter un but final : un thème, une image, une idée. L'histoire a transformé la peinture en une série de décisions pesantes et sans fin. Et s'il est impossible de libérer la peinture du discours, il est au moins possible de s'appuyer sur le mouvement : peindre et regarder, faire et défaire, accrocher les toiles dans l'atelier, dans une maison, les sauvegarder sur le téléphone, les montrer et recommencer.

Ines Dahn

Texte d'exposition (3)
Bastien Cosson

(À propos du livre)2015-2014

Je vide mon iPhone de ses photos. Je rends visible les images qui m’accompagnent depuis des années.Savamment triées, je soumets régulièrement les photos que je prends à la nécessité de leur existence. Je fais de même avec mes tableaux. On peut penser que je produis peu, mais c’est surtout que j’efface beaucoup, les photos comme les peintures.

Délire égotique, j’imprime ma vie en 948 pages couleurs. Je rends visible ce qui n’intéresse pas grand monde. Je fais ça pour moi, Elsa, Cosma, quelques amis et, idéalement, pour la peinture.

Je mets mon atelier sur papier ; je le prends sous le bras, je le cale dans mon tote-bag, je le range dans ma bibliothèque ou entre les mains de mes potes.

Je fais disparaitre cet espace qui m’encombre depuis trop longtemps. »

Bastien, mai 2023
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