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Caroline Ventura - Ppl create their own narrative anyway

11 novembre 2023 → 2 mars 2024

Caroline Ventura

Attirée par les accrochages alignés et radicaux, Caroline Ventura, pour cette exposition, a peint directement sur lesmiroirs de la salle de bal du Café des Glaces qui deviennent ainsi des tableaux éphémères. Ce choix répond également à sespropres obsessions pour les matériaux lisses et transparents, sur lesquels autocollants et spray – deux éléments importantsdans son univers visuel – adhèrent particulièrement. Elle reprend l’idée issue d’une discussion avec un ancien professeur,que quand on peint, on se peint soi-même, toute peinture étant en partie un autoportrait. Elle y trouve des liens entre lesmiroirs, les reflets et la peinture, dans la mesure où cette dernière peut être tenue pour une analogie de soi, aussi bien pourl’artiste que pour le spectateur qui y projette son histoire personnelle.

D’où le titre de l’exposition ‘Ppl create their own narrativeanyway (please interpret my work)’. Pour la concevoir, elle s’est inspirée des photos de son propre reflet prises dans la rue, unreflet plus ou moins flou qui est ici tagué, coloré, griffé, sali, etc. C’est en somme une tentative de se réapproprier cette imageentr’aperçue, alors même qu’elle pourrait la faire se sentir self conscious (inconforable car trop conscient de soi-même).
L’enjeu a été de réaliser cette série de 12 peintures-miroirs en une semaine. Ce laps de temps, pris comme un défi par l’artiste,donne un aspect ludique à toute la réalisation.

Caroline Ventura est née en 1994 à Lausanne. Sa pratique comprend des photographies, de la résine, des dessins etde la peinture. Elle a obtenu son bachelor en arts visuels à l’ÉCAL, à Lausanne, en 2016 ; elle a bénéficié dans la foulée dela bourse Walter & Eve Kent et obtenue le Prix du Risque. Elle a ensuite suivi le cursus Work.Master de la HEAD à Genève,dont elle est diplômée. En 2021, elle a été nominée pour les Swiss Art Awards. Elle expose en Suisse romande et alémanique,ainsi qu’en France et vit entre Lausanne et Paris.
Curateur
Café des Glaces
Dates
11 novembre 2023
→ 2 mars 2024
Texte d'exposition
Nathalie Chollet
Contact
lecafedesglaces@gmail.com
+33 6 29 19 17 49

Texte d'exposition
Nathalie Chollet

C’est l’histoire d’une fille qui se regarde dans la glace
elle peut pas détacher ses yeux
elle regarde dedans
son ego centré se dissout
les limites entre l’ovale du visage et le fond de la pièce se floutent 

I can still recall
Our last summer
I can see it all 

elle se demande jusqu’où ça va
elle n’arrive pas à se fixer ça la fait rire on dirait qu’elle s’évite comme on évite le regard d’un prédateur pour ne pas le provoquer
les joues roses
se brosse les cheveux se lustre les cheveux
elle respire normalement mais une voix du nez un peu geignardeessaye de sortir elle se dit c’est donc ça de perdre pied

being a girl

la langue gigote, elle se ferme d’un coup sec le pull à capuche
remonte la capuche
c’est un pull en velours dont l’intérieur est à poils longs

J’arrive pas à me réchauffer je sens comme un courant d’air dans mon cou je ferme les fenêtres j’active le thermostat le courant d’air s’intensifie

dans la poche elle attrape un téléphone mais qu’il est lourd
la main à peine capable de le porter elle braque le flash du téléphone en face d’elle
le doigt appuie sur le bouton le doigt reste appuyé le pouce appuie s’engourdit
elle se demande si le bouton va reconnaître son doigt puisqu’elle se confond avec l’extérieur désormais
le bouton ouvre le téléphone
le flash fait un aller retour dans la glace puis dans les yeux
elle plante les yeux sur l’ampoule blanche diamantée au lieu de regarder l’objectif
en équilibre dans son corps diffracté
les yeux dans le flash
elle pourrait disparaître ici

being a girl
being a girl
being a girl is gr8

la nappe flash pour iphone 12 est composée d’une petite led très puissante pouvant atteindre la puissance d’éclairage d’une lampe 40W

Is this live ? Can you hear me ?

le pouce toujours appuyé sur le bouton, elle perçoit dans son champ de vision périphérique une ligne en faire le tour tandis que ses rétines se remplissent de blanc

I swear to god the boys are all so nice and chevaleresque, they always open the doors for me, some wash my clothes, some cook for me…

elle n’est plus avec nous peut-être

alors je te raconte, c’est l’histoire d’une jeune fille, alors, c’est au moyen âge je crois, elle marche dans la rue, elle a peur, on sait pas pourquoi, elle sent, elle sent la peur c’est un soir sans lune, elle a réellement peur, elle ne voit rien et essaye de rentrer chez elle, mais rien à faire elle se perd, et là elle sent un souffle dans son cou elle se dit bah c’est le diable alors elle chuchote “s’il vous plaît Sainte Marie faites quelque chose” et là figure-toi que la Sainte Marie Mère de Dieu surgit elle même en même temps qu’elle fait surgir un jaillissement d’eau énorme, le genre que t’as jamais vu, 3000 litres par heure dis-toi, et là elle entoure la jeune fille qui allait mais je te jure se faire attraper qui sait pourquoi par le diable lui-même, et elles s’en vont toutes les deux au fond du jaillissement creusant un tunnel infini que personne pourra aller jusqu’au bout, un jaillissement bleu comme son manteau Marie, que c’est la seule chose qu’on verra d’elle, avec le courant de l’eau qui empêchera le diable d’entrer, pour aller dans ce tunnel faut combattre la vitesse de 3000litres par heure je sais pas si t’imagines, mais cette histoire ce qu’elle me dit, c’est que le diable il est resté chez nous, alors, si la Vierge et la fille sont parties se réfugier qu’est-ce qui nous reste à nous, les maison enduites, les volets fermés, les hommes qui essayent d’entrer, le diable qui se promène depuis la nuit des temps ici, et alors je me dis je te dis écoute, tu m’étonnes qu’on y meure en voulant s’y enfuir dans le fond de cette eau, plutôt crever que de rester à l’air là où le diable est resté, les linges souillés, la pierre est moisie,

une odeur de plastique chaud
et c’est la nappe flash pour iphone 12 qui peu à peu fond
puis elle se met à parler

Have you met my ponytail man ?
I can’t see anything now
I was at the hairdresser
earlier, I don’t know if you can see, I’ve been craving for some change, but I
can’t see what he’s done to me, too bad…

en faisant attention on peut noter que ses jambes sont chancelantes, il n’y a pourtant pas un brin d’air qui passe ici
moi je me dis juste un truc c’est : ils sont légers ceux qui pourront ressusciter, et lourds ceux qui finiront en enfer
t’en penses quoi

les yeux fondus qui nous regardent

Morning croissants
Living for the day
Worries far away 

on ne sait pas comment elle tient elle est de plus fine tandis qu’on plisse les yeux de douleur nous aussi, et alors qu’on se demande comment arrêter la dégradation progressive de ses contours elle se met à sourire

You would think we always miss something but at some point… When you’re in bed massaging your face with your gua sha waiting for your herbal tea to soak, at some point, you know, you often start to feel at peace. Even in the midst of a global outbreak of violence, you can feel peace. It’s the only lesson I’ve learned the past few years. It’s the only lesson I would dare to try to teach you. I don’t want to speak instead of anyone, I can only tell you this : I don’t think it’s a way of running away, maybe it’s a way of coping, one would say. I can hear the purring sound of my laundry tossing and turning and I feel at ease. I am aware the outside is not well. I still soak my beans in cold water for at least 12 hours. I don’t know exactly how I could help for change. I am scared of being out there, there is too much dust. In bed, I don’t think too much of it, the crisp sheets break a form of silence inside of my mind.

Novembre 2023, NathalieChollet

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