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Francesco De Bernardi - Your ease doesn't simplify things / your ease is not making it easier

18 mars 2023 → 3 juin 2023

Francesco De Bernardi

Francesco De Bernardi né en 1995. Vit et travaille entre Lausanne et Milan. Études à la Nuova Accademia di Belle Arti de Milan. Diplôme master Arts visuels à l’École cantonale d’art de Lausanne en 2020.Il a exposé notamment: en 2019, galerie Crèvecoeur, Paris et Villa Necchi, Milan ; en 2020, Lokal-int, Bienne ; en 2021, Centre d’art contemporain de Genève ; en 2022, Sonnestube, Lugano, et Peres Project, Milan.

Sa pratique s’enracine dans l’observation de la vie quotidienne et de situations courantes qui lui fournissent le matériel de base qu’il réélabore et condense en de mini narrations et en objets propres à évoquer la vie réelle. Il utilise indifféremment le texte, la céramique, la sculpture, le son, le dessin et la lumière, tandis que ses sujets parlent à la première personne. Il s’inspire essentiellement de ses propres expériences, en se concentrant sur des détails apparemment banals et comique de la vie de tous les jours. Les scènes et les personnages qu’il tire de la réalité montrent leurs faiblesses et leurs contradictions, un côté irrésolu, une personnalité écrasée et nourrie par un questionnement hypocondriaque. La mélancolie conséquente qui en émane, caractéristique du regard et de la production de l'artiste, imprègne toutes ses installations.
Artiste
Francesco De Bernardi
Curateur
Café des Glaces
Dates
18 mars 2023 →
3 juin 2023
Texte d'exposition
Federico Nicolao

Texte d'exposition

Il verso delle cose

Quel est le sens des choses ? Comment les percevoir ? On les cherche d'abord et on les identifie, puis on redécouvre la relation que toutes entretiennent avec l'être humain : des plus inertes aux plus utilisées, de celles qui semblent les plus lointaines à celles dont on use au point d'en oublier la présence et la couleur.

Après avoir constaté que nous sommes toujours en leur présence et les avoir retrouvées, nous nous éloignons un peu d'elles, ce qui suffit à nous les faire considérer comme distinctes de ce que nous sommes, et nous voici ébahis par leur caractère à la fois banal et extraordinaire. Une histoire de matériaux qui s'assemblent et de construction attentive.

Au cœur du travail de Francesco de Bernardi : une interrogation constante sur l’acuité de notre rapport aux choses, sur la façon dont elles sont construites, arrangée ou fabriquées. Reflétant une longue histoire milanaise qui combine l'art, l’objet, la scénographie, la narration et l'artisanat, le travail de De Bernardi a la capacité de nous faire comprendre que les sentiments aussi bien que les choses se brisent, s'assemblent, se séparent et s'ajustent.

Qu'est-ce donc qu’un individu si ce n'est l'imbrication très complexe selon laquelle des choses et des sentiments peuvent y coexister ?

À la fois paresseuse, mais potentiellement fébrile, une énergie simple naît de la capacité d'observation de l'artiste. Et sans se contenter des mécanismes usuels du monde, elle nous étonne, nous accompagne, nous interroge, en se mêlant à leur fonctionnement même, sans hostilité à l’égard de quelque incongruité et, parfois de façon merveilleuse, ouverte à la surprise et à l'incomplétude d'un système vaste et incompréhensible qui, de la naissance à la mort, nous protège ou nous trompe.

Si l'artiste qui présente une sculpture choisit en toute discrétion de la laisser interpréter par l'espace, c'est qu'il s'interroge sur la capacité de ce dernier à laisser exister, voire à amplifier, les sentiments qui l’ont fait naître, et qu'il se demande dès le premier geste quel est le sens de chaque présence.

Ainsi, au Café des Glaces de la petite ville de Tonnerre (qui, comme son nom l'indique, pourrait avoir été créée par Jupiter orageusement), en délinéant personnages et figures, et en s'imprégnant de l'atmosphère de la vallée du pagus tornodurensis, trois sculptures et une importante série de dessins font leur apparition dans les salles d'un petit centre d'art indépendant.

Un vieil homme, un chien, un observateur mystérieux…
Tout ne tourne pas toujours autour de la mélancolie, mais il n'en reste pas moins vrai que les trois personnages, faiblement éclairés, sont perçus par les spectateurs, dans leur aptitude à résister, comme étant teintés de rêves encore dans l’air mais perdus de vue momentanément ou définitivement.

C'est peut-être pour cela que le Chien fait la révérence et qu’il transmet l'idée d'une domesticité affectueuse, tandis que le Vieux, grognon, se penche sur son passé et se fait sombre. Exit la relation sincère et authentique qui permettait d'accueillir l'avenir sans a priori ; avec l'innocence de l'animal devenu presque coupable d'attiser des souvenirs, les fantômes lumineux d'un futur déjà lointain semblent encore présents.

Accroché à son objectif monoculaire, l'Inquiet voudrait corriger la perspective, mais il y a à craindre que son regard finisse une fois de plus par ne produire que pure illusion : une perception qui rompt avec la réalité, qui induit une vision du monde conditionnée ou erronée  – une vision que nous aimons pourtant pour la douceur avec laquelle, sans le vouloir, chacun parvient à la produire.Il y a cependant dans l'œuvre de Bernardi une grâce de l'être qui s'accroît précisément dans la distance entre un point de vue toujours différé (qui reste caché et à trouver) et les multiples tentatives pour en trouver un autre plus vivable qui se contenterait de la réalité.

Même se tromper en déchiffrant produit une vision, et aucun de nous ne sait ce que l'Inquiet, le Chien et le Vieil Homme regardent en ce moment même. Tandis que les personnages vivent entre joies et incompréhensions, suspendus entre le désir de se rendre la vie plus facile et celui d'en supporter toutes les difficultés, il est permis au spectateur de trouver le charme et la joie d'un point de vue secret, tout personnel, dans lequel palpiterait silencieusement l'espoir d'avoir trouvé comment faire.

Mars 2023, Federico Nicolao
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